MURMURE D'AMOUR : A Toi A Moi A Notre Amour

 je t'aime mon cœur Aurore

Abandonné à son sort pour finir ses jours,
Le vieux chébec rêve de jouer les filles de l’air
Attirant le regard d’un vieux loup de mer
L’antique bateau va faire un dernier tour

D'une vile horde de pirates sans coeur
S'est entouré le farouche capitaine.
Ils s'en vont, sur la mer, répandre la terreur
Qu'inspire leur drapeau, au mat de misaine.

Le vieux bois craque, grince et se plaint
le voyage ne s'annonce pas serein.
Le ciel gronde et promet force orages
La mer houle et exprime sa rage

Sur la mer démontée, défiant les flots
Sur ce frêle esquif, s'en vont les matelots
Une rage guerrière pousse l'équipage
Aux raids meurtriers et juteux pillages

Une voile à l'horizon : c'est un marchand !
Le branle-bas de combat est prêt à l'instant
"Cap sur le galion !" Crie le capitaine
"Ce ne sera pas long. Ce gros ventru se traîne !»

Tonnent les canons et fuse la mitraille
Pour l'abordage est prête la racaille.
L'équipage s'élance et donne l'assaut
Le pont, éventré, se couvre de sang chaud

Du pont aux cales, le massacre s'active
Sur le beau château, le marchand se retire
Vaillamment ils défendent leurs vies, vains efforts,
Sur le galion, ravie, se promène la mort

Pour sauver sa peau, le marchand se jette à l'eau :
Les requins seront plus cléments que ces bourreaux.
Vainqueurs, les pirates changent vite le butin de bord,
L’eau s’infiltre, le feu dévore, le galion est touché à mort

Agonisant sous les flammes, se tordant sur l’eau
Le fier galion s’abîme, dans un dernier sanglot.
Hilares, les pirates se mettent à boire.
Il leur faut du Rhum pour fêter la victoire

De la poupe à la proue tout n'est que désolation
Pas un seul forban n'est prêt à l'action
Quand, de la vigie, tombe un cri fatal
Dans l'horizon lointain, vient de se profiler une voile

Un sloop se présente pour punir les malfrats
Les justiciers sont sûrs de remplir leur contrat.
Face à eux, les bandits ne sont pas de taille,
Le chébec, blessé, ne supporterait la bataille

Le capitaine exhorte ces farouches scélérats
Pour qu’ils se préparent à l’imminent combat
Les malmenant pour qu’ils rejoignent leurs postes
Afin d’être prêts à l’inévitable riposte

Mais Orphée en porte la moitié dans ses bras
L'autre, tant bien que mal, résiste au sommeil
Mais la lutte est rude pour garder les sens en éveil
Car le Rhum a déjà fait de nombreux dégâts

Devant le danger, le pirate prend la fuite.
Jouant lof pour lof, maudissant la cuite
De ces rustres avinés dont dépend son destin,
Plus loques humaines que valeureux marins.

Et Poséidon se charge alors de la manoeuvre
Secouant la mer, faisant rugir les vents,
Il entrave l’effort de l’imprudent poursuivant
Qui, démâté, ne peut poursuivre son œuvre.

Impuissant, rageur, le commandant voit fuir son gibier,
Au grand soulagement des chanceux flibustiers
Qui se hâtent, heureux, de leur bon sort,
Demain, à l’aube, le pirate rejoindra son port.

Un demain qui vient, somme toute, assez vite,
Il n'est pas de bonne compagnie, qu'un jour ne se quitte,
Pour d'autres horizons, d'autres destins,
Pourvu qu'au bout de la route il y ait un butin.

Mais les pirates devront trouver un autre transport
Car le vieux chébec ne quittera plus son port
C’est là que finiront les termes de son contrat,
Succombant à ses blessures, le bateau sombrera.

Je t'aime ma douce Princesse Aurore

Au loin iront s’aimer les amants de fortune
Tendrement enlacés sur les bords du rivage
Regardant cette mer mouvante de dunes
Écumant, enivrant et calmant paysage

Sur lequel s’en vont flotter les rêves pieux,
Tels des goélands s’échouant sur la grève,
Se brisant sur l’onde du transport amoureux
Sont ces baisers mourant sur ces lèvres

Le songe se termine avec les derniers embruns
Qu’apporte en renfort un malin vent d’Ouest
Ne reste sur la plage qu’un souvenir incertain
Des amants d’autrefois dont on chantait la geste

Une brise soudaine réveille l’automne
Au temps béni d’un Printemps révolu
Le cœur, en joie, une chanson entonne
Vieille rengaine qu’il n’espérait plus

Le train entre en gare, le regard se met en train
De cueillir le moindre détail, fut-il anodin
Fouillant les voyageurs, il cultive l’espoir
De voir apparaître sa princesse du soir

Au bout du quai, soudain, il s’allume
Se fixe sur sa silhouette, ausculte les couleurs
Le cœur bat la chamade, l’esprit s’embrume
Se pourrait-il qu’aujourd'hui, il ne supporte ce bonheur

D’un pas tranquille, lentement, elle s’avance
Comme portée par un léger, petit vent froid
Encore une fois l’histoire recommence
L’histoire merveilleuse des amants d’autrefois

Les tableaux sont accrochés au fond du couloir
Comme pour mieux protéger leur intimité
Les gens qui passent ne peuvent entrevoir
Qu’ils passent à côté de leur éternité

Au loin iront s’aimer les amants de la plume
Dont les mots bleus silencieusement s’envolent
Vers des rivages inconnus, aux franges frivoles,
Voguant sur la crête de l’onde d’écume

Je t'aime ma douce Aurore

Je t'aime ma Aurore

J’ai rêvé de toi, j’ai rêvé de moi, j’ai rêvé de nous
En robe falbala, en décor de soie, un rêve de fou
Tu étais tellement belle, quasi irréelle, un regard de loup
Comme une gazelle, en robe de dentelle, amoureux éperdus

Dans une brume d’encens parfumés de mille saveurs
Tu évolues languissante en une danse d’insigne splendeur
Un à un tes voiles s’envolent découvrant ta pudeur
Une musique accompagne ta voix au timbre enchanteur

Tu viens et tu vas, un instant tu suspends, virevolte et reviens
Au rythme léger de tes pas que guident une suave musique
Mes yeux sur tes seins, mes yeux sur tes reins, mes yeux dans les tiens
Plus rien nous retient, je me sens si bien, tu es angélique

Soudain tu t’approches, telle une lionne ayant trouvé sa proie
Tes yeux sont si proches, mon corps en frissonne d’un furieux désir
Mais en polissonne, coquine et mutine, tu t’éloignes de moi
Tu joues et papillonnes, câlines et butines pour mon seul plaisir

Et voilà, c’est étrange, une photo de toi, et dans un rêve je plonge
Petit bout de papier, dans un album caché, comme en pénitence
Tout ce bonheur , quelle heureuse rencontre quand j’y songe
Me reste que ce rêve, pour un peu oublier, le poids de ton absence

J'ai rêvé de toi mon Amour Aurore